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Merveilleux coffret Schubert de la Grande Leonskaja

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Critique. Coffret de 8 CD. Intégrales des Sonates de Frantz SCHUBERT. Élisabeth LEONSKAJA, piano. Warner Classics.

Le Schubert de Leonskaja maitre du temps.

Critique écrite pour mon site

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Voici un beau coffret qui ravira autant les amoureux du jeu sensible d’Élisabeth Leonskaja que ceux qui aiment le piano de Schubert. Pour ma part je fais partie des deux et ce coffret de l’intégrale des sonates me ravit.

Une écoute attentive de ce coffret m’a conduite à réécouter la compilation Schubert enregistrée de 1986 à 1997 qui regroupe les sonates tardives, les Impromptus et le Quintet la Truite. Cette écoute minutieuse m’a  fait faire une découverte intéressante. Certes le jeu de Leonskaja est égal en termes de perfection technique dans les deux coffrets. Il est d’ailleurs remarquable de constater le soin donné à ces derniers enregistrements : une restitution absolument impeccable et dans une belle prise de son. Car c’est un péché véniel de la grande artiste que de parfois, au concert, ne pas tenir cette technique avec autant de précision. Mais ce qui compte avec cette merveilleuse musicienne c’est la direction qu’elle imprime à la partition et le voyage dans lequel elle nous entraine. Les dernières sonates de la D. 784 à la D. 960 ont été enregistrées en 2015 et les plus récentes en 2017. L’unité de la prise de son est parfaite, le piano sonne lumineux, précis et nuancé.

Il est paradoxal de parler de sonates de jeunesse pour les premières, Schubert est mort à 31ans ! Ses premières sonates sont certes un peu « beethoveniennes » mais déjà sonnent comme le Schubert des divines longueurs qui va advenir. Élisabeth Leonskaja avec beaucoup de délicatesse et une vision puissante les aborde comme des chefs d’œuvre à part entière. Voilà de bien beaux voyages que la pianiste d’origine russe nous offre. Comment ne pas céder au charme de l’adagio de la troisième sonate D.459. Le legato souverain, la tendresse et la simplicité évidente du jeu de la grande Leonskaja y font merveille.

Elisabeth Leonskaja Photo: Marco Borggreve

Elisabeth Leonskaja © Marco Borggreve

Pour les sonates tardives, il n’y a pas de doute Élisabeth Leonskaja est un passeur hors pair qui aime Schubert et comprend l’infinie poésie contenue dans son piano. Depuis ces enregistrements des années 1990, en 30 ans, Élisabeth Leonskaja a assoupli considérablement son jeu sans abandonner sa parfaite technique. Le rebondi de certaines notes, la souplesse des phrasés, le coulé des nuances tout est plus souple, plus sensible. Et avec encore davantage d’évidence je ressens à l’écoute de ces très belles interprétations combien la grande dame du piano a percé un mystère particulier de la musique de Schubert. Il y a dans la musique de Schubert un rapport au temps particulier qui est merveilleusement offert au public dans ce coffret. La musique de Schubert joue avec le temps, les répétitions, les reprises, les développements sont nombreux, les moments de danse avancent autrement que les promenades, les accords martelés, les longues cantilènes ont chacun leur temps diversifié. Il y a un temps extérieur car l’espace, et la nature sont présents dans certaines sonates et un temps intime, des états d’âme douloureux ou heureux, des émotions pudiques comme de la joie extravertie de retrouvent dans d’autres mouvements. Les réminiscences et une certaine nostalgie jouent également beaucoup avec la notion de temps. Toujours le présent est fui et pourtant la musique est art du présent. Ce paradoxe est admirablement résolu par le jeu subtil d’Élisabeth Leonskaja. Elle donne à chaque moment sont rapport au temps exact et pourtant nous offre un temps suspendu dans le présent de son jeu. C’est subtilement troublant. Et je ne me lasse pas d’écouter ces sonates dans ces interprétations avec cette sensation du temps toujours différent et invariablement présent et cette musique qui avance vers la vie.  Un exemple fort me semble être l’Andantino sublime de la D. 959. Ce n’est pas une question de rubato ou de ralenti ou d’accélération. C’est autre chose, il me semble que c’est là l’un des secrets de la poésie infinie de la musique de Schubert qui sait si bien narrer et chanter la vie. Élisabeth Leonskaja nous fait partager sa belle découverte et nous rapproche de Schubert, si pressé de vivre intensément, comme conscient de sa mort proche.

CRITIQUE.ENREGISTREMENT. INTEGRALE DES SONATES DE FRANTZ SCHUBERT (1797-1828). WARNER CLASSICS. Enregistrements de 2015 et 2017. 8 CD. Code : 0 190296 287855.

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Hubert Stoecklin

Critique écrite pour mon site

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